Il est arrivé entre le 6 et le 7 novembre dernier.
Nous sommes en excursion du 5 au 8 novembre 2019 sur le Sentier des caps dans Charlevoix. L’automne, tout peut arriver. Il pleut en ce premier jour de rando. Il fait 5 degrés. Les sentiers sont détrempés et on se demande si on n’est pas plutôt dans un ruisseau. Un pied à gauche, l’autre s’étire pour atteindre une roche émergée. Surtout, éviter de se mouiller les pieds. Ça n’avance pas très vite et ce n’est pas juste à cause du poids de nos sacs. Vous savez combien ça pèse quatre jours de nourriture ?

Notre destination d’aujourd’hui, le refuge du Cap Gribane, où nous passerons la nuit. Par bonheur, à notre arrivée, l’endroit est chaud, merci au randonneur qui nous a précédés et qui a alimenté le poêle à bois. Olivier marche seul. Il est en congé entre deux rotations sur les chantiers de construction au Nunavut. Vous imaginez, après 40 jours de travail au nord du cercle polaire, il passe son congé seul au fond des bois.
Une fois les présentations faites, il faut s’affairer. Il est déjà tard et la noirceur approche. La corvée d’eau, pour refaire les réserves du lendemain et pour le repas du soir. Par chance le ruisseau est tout juste derrière le refuge.
Au menu, des pâtes au pesto garnies de tempeh et d’amandes. Nous avions hâte d’essayer ces pâtes, des capellinis, que nous avons dénichées à l’épicerie et qui ne cuisent qu’en trois minutes. Pas que nous soyons pressés, bien au contraire, la vie en rando se déroule au ralenti. La marche est lente, notre équipement est rudimentaire, loin des facilités urbaines.
Mais revenons à ces fameuses pâtes. Le souci du randonneur est d’alléger autant que possible son sac. On préfère la nourriture déshydratée pour ne pas transporter inutilement d’eau. Le repas doit se cuire rapidement pour transporter le moins de combustible possible. Tout est calculé. Tiens ! La prochaine fois, on n’apportera qu’un bol et on laissera l’assiette à la maison.

Notre première journée se termine, il est 19h30, la nuit est tombée depuis longtemps et nous sombrons dans les bras de Morphée. La nuit est froide, à qui le tour pour alimenter le poêle en bois de chauffage ?
La routine du matin est assez simple, petit déjeuner copieux, du gruau, du pain aux dattes et aux noix, un thé bien chaud. On roule nos matelas de sol, rangeons nos sacs de couchage, refaisons nos sacs et nous voilà de retour sur les sentiers.
Il fait beau en ce jour 2, le soleil est radieux et le temps se rafraîchit, 3 degrés. Notre objectif est de se rendre au refuge Cap-du-Salut. Une grosse journée en perspective. Le sentier s’avère en pire condition qu’hier et nous marchons lentement malgré le beau temps. Nous arrêtons au refuge Anse-aux-vaches pour nous reposer. Il est 14h et avec encore 6 km à faire, nous arriverons à destination après la tombée de la nuit. La prudence nous indique de s’arrêter ici pour y passer la nuit.
Corvée d’eau et préparation du souper. Ce soir au menu, quinoa aux champignons, edamames et légumes. Un groupe de trois randonneurs arrivent. Salutations d’usage.
- Nous allons bivouaquer sur l’une des plateformes dehors. Si ça ne vous dérange pas, nous souperons dans le refuge, histoire de sécher notre matériel, nous dit Catherine.
Pour l’anecdote, le bivouac, c’est une bâche accrochée aux arbres sous laquelle on dort. Ils sont jeunes et forts, sont capables d’en prendre comme on dit. La nuit s’annonce froide.
Et c’est là que l’hiver est arrivé. Durant la nuit, le paysage s’est transformé et un tapis blanc recouvre la forêt au matin du jour 3. Nous entreprenons notre voyage de retour avec appréhension, la neige masquant les obstacles et les trous d’eau. Par chance encore, nos trois randonneurs de la veille nous précèdent et nous marchons dans leurs traces en évitant celles qui s’enfoncent trop profondément. Il neige et il aura finalement tombé 15 cm, il fait 4 degrés.



La région a subi les affres de dame nature récemment et la violence des vents a fracassé et déraciné tant d’arbres que notre parcours s’apparente parfois à une piste d’hébertisme. Les pièges sont nombreux et il faut redoubler de prudence.

De retour au Cap Gribane, le refuge est désert. Nous sommes fins seuls. On chauffe le poêle. Il est tôt, la corvée d’eau peut attendre et on se récompense avec notre ration de Pringles (ben oui, des Pringles). On se réchauffe avec une Cup-a-Soup (ben oui, une Cup-a-Soup). Une fois nos réserves d’eau refaites, on popotte notre dernier souper. Ce soir, on se le fait facile avec un repas lyophilisé du fabricant québécois Happy Yak, un pad thaï aux légumes et aux arachides.
Marcher sur la neige comme sur de la ouate, les arbres chargés de frimas, le paysage est splendide avec le fleuve en arrière-plan. Les premiers signes de l’hiver nous donnent hâte de sortir nos raquettes et qui sait, passer encore quelques nuits en refuge au fond des bois.
Vous voulez savoir comment ça pèse de la nourriture pour quatre jours ? Un peu moins de dix livres, qu’on transporte à deux heureusement.

Consultez le livre de bord pour les détails de la randonnée.