Du 7 juillet au 13 juillet 2020
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Ces villages ne sont pas les plus connus de la Gaspésie. Le premier est tout près du Parc National Forillon et l’autre à 20 kilomètres de Matapédia au fond de la Baie des Chaleurs.
Du parc Forillon, nous n’aurons pas vu grand chose lors de notre passage. Le fameux Cap Bon Ami était caché sous une brume épaisse et le chemin qui mène au “Bout-du-monde”, cette pointe de terre qui s’étire vers la mer, était fermé pour cause de ponceau effondré. Il nous restait alors le secteur Penouille que nous avons arpenté avant de rallier Gaspé. Une dune de sable aménagée d’un sentier asphalté et d’un trottoir de bois offre des paysages superbes. Tout au bout, 2 agents du parcs qui faisaient leur tournée nous parlent du Fort Péninsule et nous convainquent de revenir sur nos pas et d’aller le visiter. Ce site historique de la deuxième guerre mondiale expose les bunkers et les canons qui ont servi à protéger la Baie de Gaspé et sa base navale des sous-marins allemands. Un pan de notre histoire que nous ne connaissions pas. Au sortir de Forillon, c’est la pluie qui se met de la partie. Il faudra y retourner un jour, cette fois à pieds, pour bien l’arpenter et découvrir ses trésors cachés.

En passant par Gaspé, nous prenons une pause pour nous sustenter, nous réchauffer et faire quelques achats. Dans un stationnement, un automobiliste nous poursuit. On s’arrête et il nous fait la conversation, nous indique la piste cyclable, il aime le vélo et voulait savoir ce que nous faisions comme voyage. Il nous indique où se trouve la piste cyclable qui mène directement à la plage Haldimand où nous comptons bivouaquer.

Au magasin Sports Experts, on récupère une cartouche de gaz propane et Françoise en profite pour essayer des souliers de vélo. Le proprio, Serge Arseneault nous sert. Lui aussi, cycliste aguerri qui roule encore 5,000 kilomètres par année à 73 ans, est aux petits soins pour nous et nous offre de camper sur son terrain, lors de notre passage à Bonaventure, si nous en avons l’occasion. Françoise a trouvé chaussure à son pied et nous avons fait une troisième rencontre enrichissante en ce jour.
Jusqu’à Percé, le temps frais, la brume et la pluie nous accompagnent. Comme à St-Georges-de-Malbaie, lors d’une pause à une halte routière, le ciel nous tombe sur la tête comme dirait Abraracourcix. Un violent orage se déchaîne déversant des grêlons de 1 à 2 centimètres de diamètre. Même abrités sous un toit, debout sur la table de pique nique, on n’y échappe pas. Par chance, nous n’étions pas sur la route.
Les dernières côtes de la Pointe de Gaspé nous mènent vers Percé. Du haut de la côte des Trois Soeurs, nous apercevons la ville. Le rocher, lui, se fait discret derrière un mur de brume. Nous établissons notre campement au camping Baie de Gaspé pour deux jours. Il affiche complet mais on trouve quand même un terrain pour les cyclotouristes que nous sommes. Comme il se doit, nous prenons notre bière sale à la micro-brasserie Pit Caribou.

Percé est un site touristique hors du commun en Gaspésie. Bondé de touristes, les hôtels se suivent les uns contre les autres le long de la rive, entrecoupés de restaurants et de boutiques de souvenirs tout aussi nombreux. On ne distingue pas le Percéen parmi la masse sauf peut-être les travailleurs, et encore, il en vient d’ailleurs. Nous prenons un jour de flânage pour se promener, manger gaspésien et surtout, comme tous les autres touristes, voir le rocher. Il ne se montre pas facilement. Il est resté caché derrière un mur de brume presque tout le temps de notre séjour. Il y a quelque chose de mystérieux dans le pouvoir d’attraction qu’une masse de roche peut exercer sur les gens. Car, à part le rocher, il n’y a guère d’autre à voir ici.

Nous abordons maintenant un autre segment de notre tour de la péninsule: La Baie des Chaleurs. Aussitôt passé L’Anse-à-Beaufils nous entrons dans un autre monde. Nous quittons la Pointe, qui est maritime, avec ses rares petits villages de pêcheurs et ses maisons en bardeaux de cèdres et nous entrons dans un secteur industrialisé, où se succèdent les villes presque sans interruption. La coupure est franche. Plus de maison en bardeau, la mer, quand même visible, est loin de la route. La culture aussi a drastiquement changé. Les villages ont des noms anglophones, les petites églises blanches typiques des congrégations protestantes pullulent. Il m’arrive de penser, en roulant, aux deux solitudes de notre pays, la Gaspésie francophone sur la rive du fleuve et l’anglophone dans la Baie des Chaleurs. Cette dernière semble plus prospère et industrieuse. Serait-ce un héritage de notre “colonisation” ?




Nous passons la Baie des Chaleurs en coup de vent, trois jours de plus de 80 kilomètres sans presqu’arrêter. Il faut bien le dire, la Baie n’offre pas les attraits visuels de la Haute-Gaspésie et de la Pointe. Sauf peut-être à Chandler, qui est dotée de plages exceptionnelles au sable rouge. Vous connaissez Maria ? Nous non plus. Une ville surprenante par sa dimension, toute en bord de mer. Vous connaissez Gesgapegiag ? Nous non plus. C’est une réserve micmaque non loin de New-Richmond. Ici, pas kiosques de cigarettes sur le bord de la route, mais des tipis en bord de mer, au grand plaisir des touristes français, j’imagine.


La Baie des chaleurs n’est pas en reste côté cantines. En fait la Gaspésie regorge de ces casse-croûtes typiques qui ont tous leur propre version de la fameuse guédille au homard.

À Paspébiac, autre grosse ville, le vélo est l’élément décoratif municipal. Il y en a partout et ils sont décorés et fleuris. À New-Carlisle, la ville suivante sur notre parcours, ce sont les bornes fontaines qui sont peintes aux couleurs de personnages de bandes dessinées. Carleton-sur-Mer a des allures de station balnéaire, le kite surf est à l’honneur, des hégergements hétéroclytes sont offerts comme des iourtes flottantes dans la baie.
Vélos décoratifs à Paspébiac Vélos décoratifs à Paspébiac Borne fontaine décorée à New-Carlisle
Nous arrivons à Pointe-à-la-Croix, la Baie des Chaleurs que nous avons vue ne nous a pas émerveillés comme le reste de la Gaspésie. Mais comme on dit, on doit bien y passer si en veut en faire le tour.

Durant cette portion de notre voyage, nous avons également varié les hébergements, bivouac, camping et motel. Comme à Gaspé où nous bivouaquons à la plage Haldimand. Nous nous campons en retrait de la plage près d’un abri alors que d’autres, voulant vivre la “totale” plantent leur tente dans le sable directement sur la plage. Ils auront un réveil matinal alors que dès 5h 30, un tracteur râcle la plage pour la nettoyer, ziguezaguant entre les tentes. Il y a controverse et frustration à Gaspé qui s’exaspère des nombreux squatteurs de plage. Il faut dire que ce n’est pas tout le monde qui respecte le milieu et les résidents. On nous a raconté qu’une nuit, à la plage de Douglastown, ils étaient plus de cinquante à s’y être installés. Pour la plupart des voyageurs motorisés.


À Port-Daniel-Gascons, nous prenons une chambre au motel Villa Anna. La tenancière, nous offre leur unique chambre avec vue sur la mer. Nous sommes comblés.

À New-Richmond, nous campons au camping de la Pointe-Taylor. Le plus cher du voyage à date, $41 la nuit. “Mais la douche est gratuite”, nous dit-on à l’accueil. En soiré, on se paie un ballot de bois pour faire un feu de camp devant lequel on soupe. Moment de sérénité.

À Pointe-à-la-Croix. Le camping Maison Verte Parc Gaspésien nous accueille, il ne paie pas de mine mais il nous convient. Situé à quatre kilomètres d’une épicerie, je négocie avec le proprio pour lui acheter deux des ses propres bières pour accompagner nos hot dogs du souper. Acueillants et serviables ces Gaspésiens.

Nous terminons ce segment de notre voyage au fin fond de la Baie des Chaleurs. Nous entreprendrons, demain, la vallée de la Matapédia.