Du 14 au 21 juillet 2020
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On en a fait du chemin depuis qu’on a quitté la Baie des Chaleurs. Encore deux jours dans cette Gaspésie charmante et variée pour rallier Ste-Flavie en longeant la vallée de la Matapédia. Que dire ! Cette vallée est une merveille, une rivière à saumons, sertie dans une forêt dense et sauvage. Ici, pas de villages. Que des haltes routières et des fosses à saumon. La Gaspésie surprend encore par la diversité de ses paysages. Nous décidons de nous rendre à Amqui. Une longue journée, 102 kilomètres, la plus longue du voyage à date. Pourvu que les vents et la température nous soient favorables. Ce sont les paysages qui nous ont retenus. Comment ne pas s’arrêter et admirer cette rivière ? Des pêcheurs à la mouche, dans leur canot, taquinent le saumon.
- Ça mord ? Demandons-nous entre deux lancers.
- Oui, mais ils sont petits ce matin, nous les rejetons à l’eau.

Des canots sont disposés ça et là, le long de la rivière par les pourvoiries de la région. Les clients sont bien traités. D’ailleurs, il semble que certains secteurs de la rivière soient à leur usage exclusif alors que d’autres sont libres d’accès.

En arrivant à Amqui, tout de même fatigués de cette journée riche en émotion, fière de l’avoir complétée de belle façon, Françoise me dit:
- Tu sais à quoi je pensais aujourd’hui, en roulant ?
- Non, mais je sens que tu vas me le dire.
- Je me disais, ouais, 100 kilomètres ! C’est quand même quelque chose.
- Une heure en auto
- Cinq heures à vélo
- Cinq jours à pied.
Oui, et en cyclotourisme, chargés de notre chambre à coucher, notre salon, notre cuisine, c’est une bonne distance. La beauté des scènes offertes à nous dans la vallée nous a portés. Ici, c’est le royaume de la forêt, de la pitoune et aussi, des camions chargés de billes de bois.
Retour à la réalité, en arrivant à Amqui. C’est une grosse ville, et le camping, situé à cinq kilomètres plus loin est hors de question. Nous en avons fait assez pour aujourd’hui, et puis, la micro-brasserie La Captive est au centre-ville. Nous repérons donc un site pour bivouaquer. Pas facile en plein centre-ville. Tiens, le parc Marcel-Rioux, juste derrière la mairie et la bibliothèque municipale. Nous identifions un coin, derrière des arbres, à l’abri des regards. Si nous nous installons assez tard, lorsque les gens auront quitté les lieux, ce sera parfait. Et nous voilà à la Captive, pour passer le temps, manger, et…. boire de la bière. À la table d’à côté, deux jeunes randonneurs font comme nous. Ils font le Sentier International des Appalaches, à pied, sac au dos, de Matapédia à Forillon. On échange sur nos voyages respectifs. C’est passionnant d’échanger avec ces jeunes aventuriers.
Nous complétons la vallée de la Matapédia pour nous rendre à Ste-Flavie en passant par les petits détours que la Route Verte nous offre. La vallée, juste au nord d’Amqui, change brusquement de vocation. La forêt cède la place à l’agriculture et à l’élevage. La vallée de la framboise porte bien son nom. Les petits fruits ne sont pas encore mûrs mais les plants en sont chargés. La récolte sera bonne. Mais ici aussi, on manque de travailleurs.
- “On va moins cueillir à la main cette année et on va plus utiliser la machine pour la cueillette des framboises pour la transformation” nous dit le patron.
L’arrivée à Ste-Flavie marque un jalon pour nous. La boucle de la Gaspésie est bouclée. Nous sommes revenus à cette porte d’entrée que nous avions franchie le 29 juin dernier. Nous avons fêté ça au Ketch, la dernière micro-brasserie de notre tournée gaspésienne.
Sur notre départ de Ste-Flavie, pour se rendre à Rimouski où nous prendrons un jour de repos, voilà que nous tombons sur Line et Jean, nos amis de Victoriaville que nous avions rencontrés au début de notre voyage. Quelle coïncidence. Ils reviennent d’un court séjour à vélo sur la Côte-Nord. Nous faisons la route jusqu’à Rimouski ensemble.

Une impression étrange m’habite alors que nous faisons ce segment en sens inverse, parcouru à l’aller. Peut-être est-ce dû au fait qu’il marque le début du retour à la maison. Jean nous dit alors:
- “Hé, pourquoi vous ne traversez pas sur la Côte-Nord ici à Rimouski au lieu de Rivière-du-Loup, vous allez voir, c’est beau de Forestville à St-Siméon”
L’idée germe durant notre jour de repos. Cela nous permettra de voir quelque chose de nouveau. Changement de plans. Nous prendrons donc le traversier demain, 8h, faudra se lever tôt.
La Côte-Nord que nous visitons est sauvage, la route est éloignée de la rive du fleuve, un autre pays quoi. C’est ce qui est fascinant de notre voyage. Nous traversons une telle diversité de paysages et de contrées. Nos sens sont pourtant moins sollicités. un petit voyage intérieur s’amorce. La respiration se synchronise au rythme des pédales, on pense au trajet parcouru, aux gens rencontrés sur notre route. Tiens, deux cyclistes sortent d’un camping et prennent la route devant nous. On se croisera durant la journée, on cassera la croûte ensemble à Longue-Rive. Guilaume et Véronique sont partis de Sept-Îles et remontent le fleuve vers le Saguenay, feront le Tour du Lac St-Jean pour terminer à La Malbaie.
Aux Escoumins, le rivage est rocheux. Un beau granit rose tout arrondi par le passage des glaciers offre un promontoire exceptionnel pour admirer les rorquals. Nous sommes choyés, nous en voyons plusieurs. Le sifflement de leur évent lorsqu’ils remontent à la surface ne manque pas de nous indiquer leur présence.
De Les Escoumins à Tadoussac, nous renouons avec le relief dont nous avions été passablement épargnés depuis Percé. Un prélude à notre prochaine étape de l’autre côté du fjord. Retour en voyage intérieur. La rythmique du pédalage. Les pensées montent et descendent aussi. La route s’y prête, bordé serrée d’épinettes noires, un peu rabougries. La ligne jaune au centre, la blanche à droite, l’accotement est large et bien carrossable. Les fardiers sont respectueux. On ne peut en dire autant des vacanciers en roulotte. Ils doivent être pressés. C’est dommage, être pressé en vacances.
Dans le silence entre le passage des véhicules, les petits bruits du vélo sont amplifiés. Tiens, un nouveau. Pas encore la vis du porte-bagages qui se dévisse ? Il me semble que le passage des vitesses est moins fluide. Faudrait que je nettoie la chaîne et les galets. Mon vieux guidon n’est pas très confortable. Je le changerai avant le prochain voyage. Françoise, elle, s’accomode de ses vitesses en bout de guidon. Le miroir qu’elle avait acheté, fixé à son casque n’a pas fait long feu. Elle s’en accomode aussi. Ce n’est pas idéal de ne pas pouvoir voir en arrière sur ces routes achalandées.
On repense aussi à ce premier voyage que nous faisons, ce que nous changerons dans le prochain, tout ça est flou, les pensées sont décousues, interrompues par le bruit du moteur des mastodontes qui nous dépassent.
De l’autre côté du Saguenay, la frontière de la Côte-Nord, c’est Charlevoix. Cette région qu’affectionnent les artistes visuels. C’est beau Charlevoix, quand on peut se relever la tête au sommet des côtes. Pour le cycliste, Charlevoix c’est les côtes, et pas des petites. Tex Lecor devait se rendre à ses beaux points de vue en auto, lui. Aussitôt passé Saint-Siméon, les montées s’enchaînent les unes après les autres sans répit. Tout notre corps et nos sens se concentrent sur l’effort à fournir pour les gravir. Ajuster le rythme à la pente, se relever la tête pour évaluer la distance au sommet, la rebaisser pour se redonner une impulsion. À cinq, six ou sept kilomètres-heure sur la route, on remarque chaque aspérité de la chaussée, chaque craque, trou, débris, tiens des clous, faut faire attention.
Nous arrivons à Cap-à-L’Aigle, tout près de La Malbaie, où nos amis Brigitte et Pierre nous accueillent chaleureusement. On y passera la nuit. Nous sommes reçus comme des rois. Nous ne nous voyons pas souvent mais c’est toujours un plaisir de renouer avec eux.
La sortie de La Malbaie est violente avec ses côtes à 12 voire 14%. On se disait, bof, on n’a pas une longue journée jusqu’à l’Isle-aux-Coudres. On y a gouté. La descente de la côte de St-Irénée fait peur. Pourvu que les freins tiennent le coup. Un arrêt s’impose à la plage pour casser la croûte. La cantine Chez Ginette est bondée. On lui préfère les sandwiches frais du dépanneur.
En descendant la côte des Éboulements, je ne sais pas pourquoi, on a pensé à notre journée du lendemain. Une fois sur l’Isle-aux-Coudres, après en avoir fait le tour, nous nous sommes demandés pourquoi on voulait tant la voir.
L’Îsle-aux-Coudres n’offre pas tant à voir. Bien qu’elle fût baptisée par Jacques Cartier. Il n’y a pas grand chose de patrimonial ou d’ancestral sur l’île. Quoiqu’il en soit, veni, vidi, vici comme disait César. Le vici, bien, c’est d’avoir remonté la côte des Éboulements, en ayant poussé nos vélos à pied sur les 600 mètres à 18% de pente. À l’impossible, nul n’est tenu. Par la suite la section à 11%, nous paraissait tel un faux-plat.

Si ce ne fut que de cette côte, la journée aurait été somme toute passable mais notre destination étant Saint-Tite-des-Caps, il a fallu gravir les 740 mètres d’élévation entre Baie-St-Paul et le Massif de Charlevoix. Cette journée fut la plus exigeante du voyage à date, non pas par la distance parcourue, 75 kilomètres, mais par les 1,600 mètres d’ascension qu’elle représentait. Vous savez ce que c’est, 1,600 mètres d’ascension ? C’est un peu comme monter la voie Camilien-Houde du Mont-Royal 14 fois d’affilée. Ou encore, trois fois le Mont-Mégantic dans la même journée. Mais comme une comparaison est toujours un peu boiteuse, il faut y ajouter nos 35 livres de bagages sur nos vélos qui en pèsent 30 !
Nous avons franchi Charlevoix de bout en bout, et un sentiment de soulagement nous accompagne. De fierté aussi. On se l’est dit souvent durant le voyage: on est forts, hein ? Oui, très forts. Et cette dernière étape de Charlevoix nous l’a prouvé. Les côtes sont maintenant derrière nous. Après une journé de pause, nous reprendrons la route, pour notre dernier segment, vers Trois-Rivières, puis Berthierville et finalement St-Bruno-de-Montarville.
Bien là vous m’impressionnez encore plus … Forestville-Tadoussac, Tadoussac-La Malbaie mais en plus la tournée par Les Éboulements et l’île aux Coudres euh en passant par St-Irenee – non mais c’est époustouflant tout un périple avec vos vélos chargés chanceux vous en avez vus des rorquals c’était mérité bravo et à bientôt
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Jean, tu es à l’origine de ce détour par Forestville. Nous ne le regrettons pas, nous avons beaucoup aimé Les Escoumins. Nous aurions aimé rester un jour de plus à Tadoussac et pas de chance tous les fournisseurs de forfaits kayak affichaient complet. Faudra y retourner.
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Bravo pour votre voyage et merci pour le blog. Suggestion: NZ. Les montées se font bien. Après avoir fait la Gaspésie, la CN et Charlevoix, la NZ va vous paraître facile. En espérant un vaccin. …
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Merci Colette, on va mettre ça sur la bucket list. 😉
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Nous vous lisons assidument, votre voyage et votre écriture intéressent notre curiosité. Vous êtes fort et vous écrivez très bien. Merci
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Merci bien, contents que nos récits vous plaisent. Au plaisir de se croiser sur les routes du monde
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ou à Drummondville lors de votre retour ?
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À quel endroit est situé la petite chapelle sur vos photos? Merci
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Je vous ai répondu par courriel ;). Merci.
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