De Saint-Tite-des-Caps à Saint-Bruno-de-Montarville

Du  22 au 27 juillet 2020

Notre voyage s’achève. Ce dernier segment nous ramènera à la maison. Plus que quatre journées de vélo. Elle seront bien remplies car dès Forestville, nous avions comme objectif de rejoindre Philippe et Karelle, le fils de Françoise et sa conjointe à Trois-Rivières. Eux aussi sont en voyage de cyclotourisme. En allongeant les distances, on y arrivera, à temps pour parcourir ensemble les deux dernières étapes de notre périple. 

Arrivés à Sainte-Anne-de-Beaupré, nous prenons la route de l’Avenue royale, prélude au Chemin du Roy, avec ses maisons et ses fermes ancestrales. Par bouts, on se croirait remonter le temps. Dès l’Ange-Gardien, de superbes pistes cyclables dont la Véloroute Marie-Hélène Prémont et le Corridor du Littoral, nous permettent de passer Québec à l’abri du trafic routier, et de prendre le Chemin du Roy qui nous mènera jusqu’à Berthierville.

Notre plus longue journée à vélo, 111 kilomètres, de St-Tite-des-Caps à Donnacona a mis notre endurance à l’épreuve, tout juste sortis de la montagneuse région de Charlevoix. La fatigue du voyage se fait sentir. Nous gérons mal notre alimentation et nos pauses. Le ventre creux et le corps fatigué mettent à l’épreuve l’harmonie dont nous avons profité jusque là. Cela ne durera pas par contre, nous faisons preuve de résilience et nous rallions Donnacona fatigués mais sereins. Au gîte des Deux Pignons, nos hôtes Lise et Jean nous accueillent chaleureusement, nous offrant même la fameuse bière sale que nous affectionnons tant. La tension baisse, la journée est finie, le repos est bien mérité. Nous pourrons sans crainte rejoindre les jeunes demain. 

Le Chemin du Roy se révèle à son mieux entre Donnacona et Batiscan. Les villages de Cap-Santé, Deschambault, Grondines arborent une quantité exceptionnelle de maisons et d’édifices patrimoniaux bien conservés et habités de surcroit. Le Vieux Chemin à Cap-Santé est, selon le journal The Globe and Mail, la plus belle rue au Canada. Les maisons ancestrales y abondent et un beau travail d’interprétation documente chacune d’elle, son origine, sa fonction d’époque, tantôt une banque, tantôt un bureau de poste.

Karelle et Philippe nous attendent à la résidence familiale de Trois-Rivières. Thérèse, la mère de Karelle nous accueille chaleureusement. Les retrouvailles sont joyeuses les histoires et anecdotes de voyages fusent. Pour Françoise, retrouver son fils et sa conjointe et faire un bout de chemin à vélo ensemble la comble. Pour célébrer, quoi de mieux que du maïs de Neuville. Tiens, je ne vous avais pas parlé de Neuville. Nous y étions passés la veille. Neuville se vante d’avoir le meilleur maïs sucré de la région, sinon de la province toute entière. Vous saviez que le maïs de Neuville est protégé par une Identification Géographique Protégée (IGP) ? Ne s’appelle pas maïs de Neuville qui veut !

Sur la route, maintenant à quatre, vers Berthierville, le Chemin du Roy relie les villages de Yamachiche, Maskinongé, Louiseville et Saint-Barthélémy. Encore parsemé de maisons ancestrales, ce chemin, la plus vieille voie carrossable en Amérique-du-Nord, nous étonne. À voir: l’Enfilade-de-Maisons-en-Brique-Rouge de Yamachiche et le Magasin Général Le Brun de Maskinongé où son proprio actuel nous raconte l’histoire du lieu. C’est un véritable musée. Bien entendu, nous ne pouvions pas ne pas arrêter à la Brasserie Dépareillée de Yamachiche, la dernière de notre voyage.

Seule ombre au tableau, le village de St-Barthélémy manque cruellement d’amour tant sa rue principale, à peine carrossable, est dans un état de décrépitude avancée.

Nous trouvons à nous loger au seul hôtel de Berthierville, non loin du traversier de Sorel. Ce soir, nous optons pour un pique-nique sur l’île St-Ignace, au centre des Îles de Sorel. Ce n’est pas un petit vingt-deux kilomètres de plus à notre journée déjà bien remplie qui va nous arrêter. L’endroit est bucolique et tranquille, parfait pour notre dernier souper du voyage.

Le dernier souper sur l’île Saint-Ignace de l’archipel du Lac St-Pierre

Le 27 juillet, 2020, jour 42, le dernier du voyage. Le ciel est si triste que notre voyage prenne fin qu’il déverse ses larmes sur nous durant la majorité du parcours. La pluie, parfois l’orage, nous force à se réfugier ici et là. Comme à  Saint-Ours, à l’Écluse No.10, où nous en profitons pour casser la croûte. Si vous ne connaissez pas ce café, faites le détour, il est charmant et ses brownies sont décadents. Comme un malheur n’arrive jamais seul, ce jour fut celui des ennuis mécaniques, deux crevaisons pour Karelle, un rayon brisé pour Philippe. Françoise et moi en avons étés épargnés durant notre périple. On doit mener une bonne vie.

À Saint-Denis-sur-Richelieu, la traverse Handfield nous mène à St-Antoine-sur-Richelieu où nous sommes accueillis par mon frère François et sa conjointe Renée. Le ciel nous tombe sur la tête à Saint-Marc-sur-Richelieu. Bénis des dieux, nous trouvons asile sur la galerie du presbytère. Nous rentrerons à Saint-Bruno au sec sous un ciel dégagé, fatigués, mais heureux, comme Ulysse, d’avoir fait ce long voyage.

Accueillis par mon frère François à Saint-Antoine-sur-Richelieu.
Abrités sur la galerie du presbytère de l’église, nous attendons que l’orage passe.

Au début du voyage (voir l’article De St-Bruno à Lévis) nous étions habités par un sentiment d’inquiétude. Vous vous rappelez ?

“Voyons-nous trop grand ?”

“Sommes-nous trop vieux pour ce genre de folie ?”

Après 2,375 kilomètres, on peut répondre non, clairement, même qu’on se sent plus jeunes que jamais. À ne rencontrer que de jeunes cyclotouristes sur la route, je crois que dorénavant, nous appartenons aussi à cette communauté éprise de liberté et de soif des grands espaces. 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Si cet article est le premier que vous lisez sur notre aventure, ne manquez pas les précédents, sur le blogue, en commençant par L’Appel du large.

L’élan de passer la porte, enfourcher son vélo et partir, peu importe le temps et la distance. C’est ce qui nous anime, nous fait vivre, intensément, passionnément.

À vous qui nous avez assidûment suivis, encouragés et lus, nous vous disons merci. Vos bons mots ont ensoleillé nos soirées et nous espérons que les nôtres ont égayé vos journées. 

Au plaisir de partager encore avec vous notre prochaine aventure.

Repères:

Parcours:

  • 42 jours de voyage, 36 à vélo, 6 de repos.
  • 2,375 km, 65 km par jour en moyenne, plus petite journée: 12 km, plus grosse: 111 km.
  • 19,050 m d’ascension totale, plus petite journée: 74 m, plus grosse: 1,600 m.
  • 8 passages de traversiers

Régions visitées:

  • Montérégie
  • Estrie
  • Centre-du-Québec
  • Chaudière-Appalaches
  • Bas-Saint-Laurent
  • Gaspésie
  • Côte-Nord
  • Charlevoix
  • Québec – Capitale Nationale
  • Mauricie
  • Lanaudière

Hébergement:

  • 17 nuitées en camping 
  • 6 nuitées de bivouac
  • 18 nuitées en auberge/gîte dont 2 chez des amis ou famille.

Température:

  • 30 jours de vélo au sec avec des températures variant de 13 à 32 degrés
  • 6 jours de vélo avec pluie nécessitant l’imperméable au moins une partie de la journée.

Avaries:

  • 0 crevaisons
  • 1 support à bagages brisé et remplacé

Micro-brasseries sur la route:

  • 11 micro-brasseries dégustées dont 7 visitées.

Que de chemin parcouru, de belles rencontres, des paysages merveilleux.

4 réflexions sur “De Saint-Tite-des-Caps à Saint-Bruno-de-Montarville

  1. André

    Superbe! Je suis à ma première lecture!!
    Mon épouse et moi avons quelques randonnées mais pas à votre niveau!! Nous n’avons pas votre courage !!!😃 Bravo 👍🏼! Pour l’âge, je pense que nous sommes jamais trop vieux pour faire de petits ou grands pas!!! L’important, c’est d’en faire! Tant que la vie sera bonne avec nous!! Je vais aller voir le reste de votre beau périple!! Merci et heureux de vous suivre dans votre prochaine aventure!!!🚴🏼‍♀️🚴🏼‍♂️🥇🥂🌈

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    1. Robert de l'Etoile

      Un dicton péruvien dit ceci: l’âge n’a d’importance que si vous êtes et vin ou un fromage.

      Bonne route à vous. Le courage ne se mesure pas. Quand on a accompli un objectif, quelqu’il soit, on est courageux. Je vous souhaite de beaux voyages.

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