Projet Anticosti, partie 1: De St-Bruno-de-Montarville à Coaticook

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Nous nous sommes mis en route pour notre grand voyage le 15 mai 2021, un mois plus tôt que celui de l’an dernier. Aurons-nous froid en ce printemps hâtif ? Faut-il emporter plus de linge au cas où ?

Notre préparation a débuté tôt ce printemps avec une mise à jour de nos vélos de cyclotourisme. Pour améliorer notre confort, nous avons changé nos guidons. Celui de Françoise était trop large et elle a opté pour un Salsa Cowchipper. Pour ma part, mon guidon qui datait de 2001 était inconfortable au niveau de la prise des cocottes. J’ai opté pour installer le même guidon que sur mon vélo de route, un FSA Gossammer Wing Compact. Nous voilà fins prêts pour le départ.

Au départ de la maison, tout sourire en ce 15 mai 2021

Une petite laine de plus que l’an dernier et notre équipement, pour le reste, identique à l’an dernier est prêt pour la grande aventure.

Laisser la voiture au garage, fermer la porte et laisser notre confort derrière pour les deux prochains mois, traîner sa maison avec soi, quel sentiment de liberté et d’autonomie.

Les Ferronniers de Kahnawake

Notre première destination est l’île St-Bernard à Chateauguay. Nous empruntons la piste La Voie du Fleuve le long de la voie maritime. Aux écluses de Ste-Catherine, le Récréo-parc Ste-Catherine accueille les campeurs. Ce doit être le camping le plus près du centre-ville de Montréal. Un bel emplacement, bien aménagé quoique pas encore ouvert cette année. Nous traverserons Kahnawake avec un soupçon d’appréhension. Des écriteaux à l’entrée de la ville indiquent que plusieurs secteurs sont interdits aux non-résidents sous peine d’amendes salées dont les parcs et les pistes cyclables. Nous montrons patte blanche et évitons ces secteurs, tout en étant à l’affût des pancartes d’interdiction. Les gens nous saluent sur notre passage et c’est rassurant. Nous voulons absolument aller visiter le mémorial du désastre du pont de Québec. Vous connaissez ? Nous non ! Jamais entendu parler. Comme il est dans un parc, notre stratégie est de feindre l’ignorance si jamais on nous interpelle. Sur place, on découvre un lieu émouvant à la mémoire des habitants de Kahnawake qui ont péri dans l’effondrement du pont de Québec en 1907. Les noms et photos de ces ferronniers, comme on les appelait, qui ont bâti le pont, sont gravés sur pierre autour d’une sculpture rappelant la structure du pont. Le lieu est désert, on peut le visiter sans entrave. Une fois passés les kiosques de tabac et cannabis à l’entrée, la ville est jolie, de nombreux parcs, de belles maisons en bordure du fleuve.

L’île St-Bernard de Châteauguay est un refuge faunique. Une auberge, le Manoir d’Youville accueille les visiteurs. Nous y passerons la première nuit. Oui, on commence notre périple dans le luxe. Ce manoir est un ancien couvent des Soeurs Grises, dirigé autrefois par Soeur Marguerite d’Youville. L’endroit est serein comme à l’époque et les chambres austères comme au temps des soeurs. À peine assez grande pour un lit double, une chaise et un petit lavabo. Les sanitaires sont communautaires à l’étage.

Bâtiment historique sur le site du Manoir d’Youville. Les chambres sont dans celui, derrière, tout à gauche sur la photo.

L’île d’Anticosti

En roulant aujourd’hui, en ce premier jour de voyage, cette idée m’a traversé l’esprit à quelques reprises: Heille ! l’Île d’Anticosti, c’est loin, très loin. Surtout qu’en ces premiers jours, on s’en éloigne pour passer au sud de la Montérégie.

La Montérégie, au sud de Montréal a ce petit caractère anglo avec ses villes comme Ormstown et Huntingdon. La première a certes quelques bâtiments historiques de brique rouge mais elle est somme toute assez petite. Ainsi, nous coupons court à notre trajet en évitant Huntingdon pour se rendre directement à Franklin. La route est déjà longue pour une deuxième journée. Et puis, il y a la Covey Hill qu’il ne faut pas négliger. Elle nous grugera de l’énergie. Nous l’affrontons par la Montée Stevenson.

Vous savez, partir tôt au printemps, c’est bien mais ça veut dire aussi que la préparation physique avant le départ n’est pas optimale. On la termine donc sur le tas. Nous en aurons pour quelques jours à mettre nos corps au diapason de l’effort demandé chaque jour. Nous rejoignons le camping Frontière enchantée où nous comptons passer la nuit.

  • « Ce sera $50 pour la nuit pour un terrain avec service » nous dit sèchement la préposée à l’accueil.
  • « C’est que nous sommes à vélo, nous n’avons pas besoin de services » lui rétorquons-nous.
  • « Les terrains sans services sont réservés aux familles, et vous, vous n’en avez pas »

Sur ces mots, nous tournons les talons, sans la saluer et, bien que fatigués, nous reprenons la route pour gagner le prochain camping, 17 kilomètres plus loin, beaucoup plus accueillant, Le Dauphinais de Hemmingford. Nous sommes choyés, un site sur le bord d’un étang, parfait pour prendre notre bière sale sous l’oeil attentif et protecteur d’un couple d’outardes et de leurs sept rejetons.

Bière sale et chips, un rituel à l’arrivée au terme de notre journée
Maman et Papa outarde avec leurs rejetons

Couleur du jour: Le brun

La Montérégie est agricole, les champs sont en labour, le brun de la terre règne, le nuage de poussière suit le tracteur qui creuse ses sillons et retourne la terre. Les terres tourneront au vert avec tout ce maïs qui commencera à pousser sous peu. En route vers Venise-en-Québec, à la croisée du Chemin Roxham, une petite pensée pour ces migrants venus espérer une vie meilleure. Ce chemin est très beau, embaume le lilas au printemps. Je les imagine se dire, wow, on sera bien ici, ça a l’air beau le Québec. Je l’espère pour eux.

Il fait une chaleur estivale, 27 degrés, le temps est merveilleux et on se met à rêver à notre première crème glacée que nous prendrons à la marina à Venise-en-Québec. Quelle déception ! Il est trop tôt en saison, c’est fermé et la crèmerie n’ouvre que les weekends. On doit se contenter d’un Drumstick de la station-service. On se rattrape avec une bière sur la plage du lac Champlain en face de notre camping, le Kirkland. Il est ouvert, nous sommes les seuls campeurs en tente, tous nos voisins se bercent sur le perron de leur roulotte aménagée comme un chalet.

C’est jour de lessive. Il ne faut pas en accumuler trop et puis, nous n’avons qu’un stock limité de linge de rechange. La buanderie du camping nous épargne le lavage. Ne reste qu’à faire sécher.

Les champs de maïs sont derrière nous et nous pénétrons dans un autre secteur agricole de la Montérégie, celui des pommes et de la vigne. Nous nous réservons une petite journée de vélo pour profiter des vignobles sur la route en passant par Dunham avant de rejoindre Frelighsburg. L’Orpailleur, lui, est ouvert mais sans visite, sans dégustation. Il ne reste pas beaucoup à se mettre sous la dent. Même chose du côté des Côtes d’Ardoise.

« Bon, pas grave » qu’on se dit. Allons prendre une crème glacée au bar laitier de Frelighsburg. Vous me voyez venir, là. Ben non, lui non plus n’est pas encore ouvert. C’est beau partir tôt en saison mais cela comporte certains inconvénients. Nous faisons nos emplettes en ville avant de se diriger au camping des Chutes Hunter. Le secteur rustique est encore une fois désert et notre terrain, encore en bordure de rivière est parfait. En s’y rendant, deux campeurs devant leur roulotte, nous interpellent.

  • « Hé, c’est pas vous qu’on a vu sur la route tantôt ? Oui, Oui, je reconnais votre maillot I love My Bike !!, c’est vous !! »
  • « Allo, allo, ce devait bien être nous alors »

On se présente, on jase, ils s’étonnent de notre projet de voyage. Agathe et Carl sont accueillants.

  • « Allez vous installer et prenez une bonne douche, on vous prépare des petits hors-d’oeuvre pendant ce temps-là.

Ça a pris un peu plus de temps puisqu’on s’est aussi payés notre bière sur la petite plage de la rivière. Au retour de la douche. Agathe nous attendait avec un gentil plateau de bouchées et canapés. Elle s’est dit que nous ne devions pas avoir beaucoup à manger. Et Carl de dire: « je pensais qu’on était assez minimaliste avec notre petite roulotte. Ben là, vous gagnez le concours, Tout votre stock tient dans vos sacoches ! Une belle rencontre.

Journée défi

Il fait chaud à mourir depuis quelques jours et celui-ci qui nous mènera de Frelighsburg à Austin ne fera pas exception. Il fera bien 30 degrés. Notre première journée défi nous fera gravir plus de 1,000 mètres sur 72 kilomètres. C’est beaucoup, si tôt dans le voyage, la Joy Hill, qui se monte relativement bien allège avec son mur à 15% de pente est une autre chose chargés comme nous le sommes. On en a vu d’autre mais on y laisse des cartouches et le reste de la journée sera pénible, sans compter la montée en paliers d’Abercorn.

En descendant vers Glen Sutton, on remarque de curieux bâtiments. Il s’agit du vignoble Chapelle d’Agnès. Nous ne connaissions pas. Et nous ne le connaissons pas plus, vous savez pourquoi. Il faudra assurément y retourner cet automne durant les vendanges. En prenant une pause à Mansonville ou plutôt Potton ou encore Municipalité du Canton de Potton, des joueurs s’adonnent à un drôle de jeu. Ça se joue avec de grosses palettes de ping-pong, on s’échange la balle comme au tennis et on compte les points comme au badminton. C’est le pickleball !! Le sport à la mode ! La ville a même construit un amphithéâtre spécial.

Notre point de chute ce soir: Le gîte L’échappée belle chez Robert. Un gîte Bienvenue cyclistes. Robert Stork est un hôte charmant et accueillant et Odette sa compagne une cycliste aguerrie. Tous les deux en parlent avec passion et rêvent aussi de partir en voyage comme nous. Si vous passez par Austin, ne manquez pas de vous y arrêter. Un coup de coeur pour nous.

Souper sympa sur le terrain du gîte l’Échappée belle chez Robert.

Journée Coup de coeur

La nuit fut reposante chez Robert et nous voilà prêts à continuer. Nos corps sont maintenant rodés après la journée d’hier. Une journée coup de coeur nous attend. Un arrêt à la savonnerie des Cantons. Le proprio nous ouvre la porte même si nous sommes trop tôt. Le personnel prépare la journée mais nous accueille à bras ouverts. Nous en profitons pour acheter savons et crème hydratante. Un endroit à ne pas manquer, certes. À Ayers Cliff, nous empruntons la piste Tomifobia qui relie Ayers Cliff à Stanstead (Beebe Plain). Une belle piste en poussière de roche qui traverse des pinèdes et des marais. Une belle découverte qu’avait repéré Françoise durant sa préparation du voyage.

Cliquez sur l’image pour visionner la vidéo
Sur le sentier Tomifobia

Au sortir de la piste Tomifobia, on se retrouve dans la localité de Beebe Plain. Un endroit particulier où le Canada et les États-Unis se côtoient pour le moins intimement. Une rue sépare les deux douanes. nous roulons littéralement sur la frontière avec sur notre gauche des maisons en sol canadien et à droite des maisons américaines.

La ville de Stanstead est sûrement la plus belle ville de style Nouvelle-Angleterre des Cantons-de-l’Est. Les belles maisons cossues les manoirs sont légion. Il vaudrait la peine d’y passer plusieurs jours pour les admirer toutes. Notre destination est le camping du Lac Frontière de Stanstead. Cette journée fut certainement une journée coup de coeur pour nous.

Il est maintenant temps de prendre un jour de congé. Coaticook est toute indiquée. Le camping du Parc de la gorge de Coaticook est Bienvenue cyclistes. N’ayant fait aucune réservation, en ce vendredi du long weekend de la fête des Patriotes, nous obtenons avec une chance inouïe un site rustique pour 2 jours en bordure de la rivière Coaticook, oui, oui, encore en bordure de rivière. Le camping affiche presque complet. Ce parc est superbe.

Sur le site du camping, un camion de rue offre de la bouffe rapide. Nous en profitons. Le Streeat Dogs des menus à base de saucisses artisanales. Valérie et Jasmin nous préparent de bons Doggy Bowls. Ils sont impressionnés par notre projet de voyage. Ils sont de Sherbrooke. Profitez-en.

Le Streeat Dogs !

Durant notre jour de congé, on en profite pour faire la lessive, visiter les gorges de la rivière Coaticook et son pont suspendu renommé, quelques emplettes et, bien sûr, écrire ce compte rendu.

Ainsi s’achève la première semaine de notre voyage. Une semaine idéale côté température quoiqu’un peu chaude, sans pluie. Cela se poursuivra-t-il ?

Camping du Parc de la gorge de Coaticook

Notre projet Anticosti s’est terminé en juillet 2021. Nous avons publié une série d’articles au file de notre progressions. Voici les liens:

28 réflexions sur “Projet Anticosti, partie 1: De St-Bruno-de-Montarville à Coaticook

  1. Lucette deGagné

    C’est toujours un peu décevant de rater des attractions touristiques locales quand on s’y présente hors saison. Lors de nos premières années de retraite, on s’est rendus compte en voyage en Virginie que tout fermait en septembre comme ici. Heureusement que vous avez pu vous débrouiller.

    Merci pour ce reportage en ces contrées qu’on ne connaît que de nom.

    Lucette dG

    Aimé par 2 personnes

    1. Robert de l'Etoile

      Bonjour Lucette, avec la fête des Patriotes la saison de tourisme va s’épanouir, enfin nous l’espérons.

      De votre côté, bon déménagement 😉

      Robert

      J’aime

    1. Audrey de l'Étoile

      Super de vous lire, contente de savoir que votre première semaine s’est bien déroulée. Je découvre, à travers vous, des villes du Québec dont je n’ai jamais entendu le nom! Profitez bien des bières sales, des bonnes rencontres et du beau temps qui, je vous le souhaite, resteras avec vous le plus longtemps possible!

      Petite remarque : l’arbre que Françoise pose devant et sent, c’est un pommier ou pommetier! Les lilas ont de plus petites fleurs en grappes.

      Hâte de vous lire encore xxxx

      Aimé par 2 personnes

  2. Cécile Fournier

    Beau récit bien rédigé, comme toujours. Il a toutefois fait un gros pas entre la savonnerie des Cantons et Ayers Cliff (🤔) ( ne fallait-il pas passer par Magog et un bon bout de chemin entre cet endroit et Ayers Cliff (?) ….tout dépendant par où vous avez passé ( par Ste-Catherine de Hatley?) … mais j’imagine qu’il faut faire un choix de ce qui importe de souligner….Je suis simplement curieuse..commentaire bien personnel….🙂 Tellement intéressant de vous suivre. Bonne continuité!

    Aimé par 1 personne

    1. Robert de l'Etoile

      Nous sommes effectivement passés par Magog. C’est difficile de tout raconter. Mais nous connaissions déjà Magog. Ça reste une belle ville cyclable avec de belles rues commerciales. Merci de votre commentaire 😉

      Aimé par 1 personne

      1. Bergeron Real

        Bonjour vous deux! A ce que je vois tout se passe pour le mieux avec de belles rencontres! C’est super intéressant de vous suivre et encore merci de partager et de nous faire rêver! Salutations et Bonne route!

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