Windigo, le diable de la montagne

Mars 2022, Ferme-Neuve, Québec N46° 43.360′ W75° 33.494′

Récit d’une excursion à la Montagne du Diable de Ferme-Neuve du 7 au 10 mars 2022

Françoise et moi sommes de retour à la Montagne du Diable de Ferme-Neuve après une première visite en 2020. Cette fois, c’est le Défi 75S de Rando Québec qui nous y entraîne. Notre objectif: compléter la Boucle des sommets. Comme cette randonnée n’est pas très longue, une vingtaine de kilomètres, nous en profitons pour étirer le séjour et ajouter quelques sorties de ski de fond.

Il a plu comme vache qui pisse la veille de notre arrivée. Ayant déjà réservé nos hébergements nous décidons de nous y rendre quand même. Arrivés en milieu de journée, nous en profitons pour visiter, à pied, la chute Windigo. Un court sentier pédestre nous y amène, superbement aménagé pour admirer la rivière et sa chute qui coulent allègrement.

Durant la journée, une belle bordée de neige est venue nous réconforter et nous promettre de belles conditions de ski de fond. Il en tombera pas moins de 15 cm.

Ne pouvant plus attendre, sous la neige qui tombe à plein ciel, nous décidons d’aller arpenter les lieux en ski de fond classique en soirée à la frontale. Les pistes ont disparu sous le couvert de neige. C’est féérique et quelque peu mystérieux. Nous pouvions sentir le souffle du Windigo. Quatre kilomètres pour faire le tour du lac de la Montagne, juste assez pour ensuite se prélasser auprès du feu dans le chalet nature Laurin-Lafontaine dans le Village des bâtisseurs où nous séjournerons deux nuits. Ce chalet est confortable: eau courante, salle de bain, électricité, frigo, poêle à bois. Le grand luxe, quoi.

Le chalet Laurin-Lafontaine est confortable et bien équipé

Comme il a beaucoup neigé, le damage des pistes de ski est assez lent et requiert plusieurs passages avant de tracer les sillons de ski. Notre sortie matinale se fait donc sur une piste damée seulement. On se reprendra en après-midi pour une deuxième sortie en espérant pouvoir skier dans de beaux sillons bien frais. Prière exaucée.

La boucle des sommets

Après deux jours de ski de fond, confortablement installés au chalet, nous passons aux choses sérieuses. Notre randonnée en raquettes du Défi 75S débute. Un parcours de 20 kilomètres que nous décidons de scinder en deux en passant la nuit au refuge Versant Sud. Au départ, le sentier est raisonnablement damé par les randonneurs précédents mais le fond est assez mou. Nous laissons nos crampons dans le sac à dos et nous chaussons nos raquettes. Comme il arrive souvent, voilà qu’à mi-chemin, nos prédécesseurs ayant rebroussé chemin, le sentier qui mène à l’Abri de l’Aube est vierge. On ouvre la piste sur une distance de deux kilomètres, en pleine ascension. Nous sommes contents de n’avoir pas laissé nos raquettes dans le coffre de la voiture.

En pause à l’Abri de l’Aube nous faisons la connaissance de Réjean, un bénévole dévoué des Amis de la Montagne du Diable. Réjean est un des bâtisseurs du Parc Régional de la Montagne du Diable. Il en a dirigé les destinées pendant plusieurs années. Il connaît le parc comme le fond de sa poche et, visiblement, il l’aime d’amour. D’ailleurs, il continue d’en prendre jalousement soin, à titre de bénévole, au grand bonheur des randonneurs et des skieurs.

En chemin vers notre refuge, Nous faisons une pause au Relais de la Montagne, un resto improbable au coeur de la montagne, rendez-vous prisé des motoneigistes. Au menu, soupe aux pois maison et chocolat chaud. La tenancière est bien occupée, le resto est presque plein.

Resto Le Relais de la Montagne

La forêt nous entoure, nous passons près d’une épave d’avion écrasé en 1993 et ensuite par le sommet Belzébuth. Décidément, cette montagne est hantée par le diable. Nous croisons le lieu d’une âpre dispute entre un rapace et un lièvre. Le corps inanimé encore chaud de ce dernier git dans le sentier. La trace des ailes du prédateur ne laisse pas de doute. Un grand duc peut-être, ou serait-ce un pygargue ? Il n’est sûrement pas loin. 

La loi de la jungle, ou plutôt de la forêt.

Contents d’arriver au refuge après dix kilomètres de marche, l’endroit est encore chaud, merci aux locataires précédents. Le silence règne ici, tout est calme, aucun signe de civilisation. Le feu crépite dans le poêle. Pas de luxe, pas de commodités, des bécosses au siège givré, éclairage tamisé de nos lampes frontales. Curieusement, on se demande si on n’est pas mieux ici que la veille au chalet. Il y a quelque chose de profondément apaisant dans ce dénudement. Quelques parties de crib meublent nos temps libres entre les corvées d’eau potable, et la préparation de notre repas du soir. Espérons que le Windigo nous laissera passer une nuit paisible (voir légende du Windigo, plus bas dans Repères).

Arrivés au refuge Versant Sud
Le refuge Versant Sud avec ses chaises berçantes tout confort.

Au lendemain matin, n’ayant pas été dévorés par le Windigo durant la nuit, nous prenons le chemin du retour. Les sentiers sont parfois damés mais comme à notre habitude, nous nous retrouvons encore une fois, en chemin vers l’Abri du Ruisseau, dans une section vierge. Il n’y a pas à dire, nous aimons sortir des sentiers battus. Par chance nous descendons la montagne, l’effort est moindre que la veille. Nous en profitons pour faire une attisée dans le poêle de l’abri et prendre une collation.

Enfin, un sentier damé !
Oui, oui, nous sommes bien sur le sentier. À preuve, la balise jaune sur l’arbre, vous voyez ?
L’Abri du Ruisseau est ouvert aux randonneurs de jour et peut être loué pour y passer la nuit.

La boucle des Sommets, sentier #51 du Défi 75S est complétée. Nous en sommes à notre 29e sentier. Plus que 46 à conquérir.

Le Parc régional de la Montagne du Diable de Ferme-Neuve est un paradis du plein air et ne vous en faites pas, selon la légende, le Windigo veille sur nous pourvu que nous prenions soin de la forêt.

Repères

Parc régional de la Montagne du Diable

Défi 75S de Rando Québec

  • Le Défi 75S de Rando Québec consiste à parcourir 75 sentiers répertoriés à travers le Québec. Pas de limite de temps, pas de prix à gagner, juste le plaisir de randonner et de découvrir le Québec à la marche.

La légende du Windigo

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