Randonnée hivernale sur le Sentier des Caps, du 9 au 11 janvier 2023
Une aventure de Françoise Michaud et Robert de l’Etoile accompagnés des Valeureux.
Le temps est doux et nuageux en ce matin du 9 janvier 2023 à Saint-Tite-des-Caps au départ de notre expédition de randonnée hivernale sur le Sentier des Caps, un sentier de notre Défi 75S (20). Il a neigé récemment. Les conditions sont idéales, ce sera, à n’en point douter, une belle excursion.
L’idée nous est venue en novembre dernier d’initier quelques amis aux plaisirs de la longue randonnée hivernale en autonomie complète avec nuitées en refuge. Nous avons donc recruté quelques membres de la région Montérégie de l’Association du Québec à Compostelle. Des marcheurs aguerris certes, mais relativement novices dans ce genre de périple. Nous voilà donc un équipage de six: André, Denis, Martin et Réal nous accompagnent. Nous randonnerons trois jours durant, avec deux nuitées en refuge, de Saint-Tite-des-Caps au Massif de Charlevoix à Petite-Rivière-Saint-François, environ 37 kilomètres.

Notre parcours sur le Sentier des Caps de Charlevoix (cliquez sur l’image pour ouvrir la carte interactive)
Nous nous retrouvons la veille du départ à l’Auberge du Sportif, une sympathique petite auberge de Saint-Tite-des-Caps, à deux pas du bureau d’accueil du Sentier des Caps. Le groupe est fébrile, peut-être un peu nerveux. Les sacs à dos sont bien remplis, certains y sont allés un peu fort; 38 livres, c’est lourd !
Un dicton pèlerin déclenche les rires: Le pèlerin transporte sur son dos le poids de ses péchés. Dans la communauté des randonneurs au long cours, ce sera plutôt: Le randonneur transporte sur son dos le poids de ses peurs.

Les Valeureux au départ de la randonnée sous le porche du Sentier des Caps, Saint-Tite-des-Caps
Crampons aux pieds, raquettes accrochées au sac à dos rempli à ras bord de ce qu’il faut pour tenir pendant trois jours en bravant l’hiver québécois, nous entamons cette première journée, la plus facile, avec confiance et détermination, destination le refuge du Cap Gribane. Une dizaine de kilomètres pimentés de 500 mètres d’ascension et 300 mètres de descente. L’humeur est à la fête, ça chantonne dans la file indienne. Le sentier bien damé nous facilite la tâche.

Un sentier bien damé, ça facilite la grimpe !
Le Sentier des Caps longe la crête qui relie une série de caps rocheux aux abords du majestueux fleuve Saint-Laurent. Les points de vue sont splendides même sous ce ciel gris et brumeux. Si seulement la météo nous avait été plus favorable. Nous profitons de ces arrêts admiratifs pour grignoter nos vivres de course et nous hydrater.
Le temps brumeux masque le majestueux fleuve Saint-Laurent et ses glaces flottantes au loin.

Une pause bienvenue ! (Crédit photo: D. Gravel)
Nous ne sommes pas fâchés d’être arrivés au refuge du Cap Gribane, les corvées débutent. Le poêle à bois est encore chaud, merci aux randonneurs précédents, l’attisée sera facile. Les refuges sont bien garnis en bois de chauffage. Une pause s’impose auprès du poêle après cette première journée. Un chocolat chaud pour les uns, une soupe ramen pour d’autres. On se remémore les bons moments de la journée.

Arrivée au refuge du Cap Gribane sous la neige. (Crédit photo: R. Bergeron)

Bâtons de marche au repos !

Un bon chocolat chaud !
Il faut maintenant refaire les réserves d’eau pour le repas du soir et le petit-déjeuner et les gourdes du lendemain. Une tâche laborieuse pour nous six. Heureusement, avec trois filtres à eau, la neige fondue de la marmite se retrouve dans nos gourdes en peu de temps.
Opération filtration. Ça en prend de l’eau pour six personnes. (Crédits photo: R. de l’Etoile, D. Gravel)
L’heure du souper ayant sonné, nous nous régalons de nos repas déshydratés. Nous avions le choix entre un spaghetti déshydraté que Françoise et moi avions préparé pour tout le monde ou encore un repas lyophilisé commercial que chacun avait prévu de son côté.

On se remplit la panse et on refait nos réserves au refuge du Cap Gribane. (Crédit photo: A. Jourdain)
Le ventre plein, c’est en chanson autour du feu réconfortant, à la lumière tamisée de nos lampes frontales que la soirée se terminera. Le folklore québécois était à l’honneur, parfois grivois, parfois triste et lancinant. Merci, Denis, d’avoir fait revivre ces airs de notre jeunesse.
La ligue du vieux poêle.
Pendant que tout le monde dort, j’en profite pour mentionner que notre équipe avait pris cette expédition au sérieux en s’entraînant pendant le mois de décembre à randonner avec une charge importante sur le dos. Nous avions organisé six sorties d’entraînement au mont Saint-Hilaire en Montérégie en augmentant la charge progressivement. De longues discussions avaient cours au sujet de l’équipement, et de l’alimentation. À nos âges respectables, on ne laisse rien au hasard et une bonne préparation est un gage de sécurité et de succès. Après tout, notre joyeux groupe, affectueusement baptisé Les Valeureux, cumule près de 400 ans de vie sur terre!



La première nuit en refuge n’est pas de tout repos. Dormir sur un matelas de sol demande une certaine adaptation. Heureusement, pas de ronfleurs dans le groupe. Des rondes sont organisées pour alimenter le poêle à bois durant la nuit.
Le deuxième jour qui s’amorce représente un défi important. La distance est importante, de même que le dénivelé: 14 kilomètres, 750 mètres d’ascension et autant de descente. Si l’on se fie à la veille, le sentier sera damé et nous facilitera la tâche.
Il est 6h 00. Les corps s’extirpent doucement de leur torpeur. On s’active dans le refuge. Il faudra partir tôt pour ne pas se faire prendre par la noirceur en fin de journée. Le petit-déjeuner pris, le matériel rangé dans les sacs à dos, nous nous mettons en marche, bien motivés et enjoués.

Tout sourire au départ du jour 2.

Un fou rire spontané ! (Crédit photo: D. Gravel)
Nous n’avons eu que trois kilomètres de grâce avant de devoir chausser les raquettes. Quelques récalcitrants résistent. Ils en paieront le prix. L’épaisseur de la neige au sol combinée à la déclivité aura eu raison des derniers rebelles quelques kilomètres plus loin, mais le mal est fait, la fatigue est installée. À mi-chemin, une pause est bienvenue au refuge de l’Anse-aux-Vaches. On s’accorde 30 minutes de repos, le temps de faire une attisée, de préparer une boisson chaude et de prendre une collation.

Il est bien temps de chausser les raquettes.

Mettre ou ne pas mettre les raquettes, là est la question !

Repos bien mérité au refuge de l’Anse-aux-vaches à mi-chemin du parcours.
Il est 13h 00 et avec un peu plus de 6 kilomètres à faire, nous avons une chance d’arriver au Cap-du-Salut avant le coucher du soleil. Il ne faudra pas perdre trop de temps. Les montées s’avèrent exigeantes. Plusieurs obstacles se dressent sur le sentier. Il tombe une légère neige. Nous devons multiplier les pauses. La fatigue est menaçante et les risques de chutes augmentent. Il faut redoubler de prudence. Nous avions amplement discuté du défi que représentait la deuxième journée du périple, mais elle s’avère plus difficile qu’anticipée. C’est à ce moment que la « dureté du mental » entre en jeu. C’est elle qui compense le manque d’énergie. Les pèlerins de Compostelle le savent bien.





(Crédit photo: D. Gravel)

Encore quelques pas, nous y sommes presque. (Crédit photo: F. Michaud)
Il est 16h 20, le soleil se couche et le refuge du Cap-du-Salut est en vue. Les visages sont longs, certains sont exténués. Leur réservoir est vide. Il était temps que ce jour finisse. Heureusement, nous en sommes tous sortis sans incident fâcheux.

Enfin arrivés au Cap-du-Salut. Quelle journée! (Crédit photo: A. Jourdain)
Le refuge sera complet ce soir, deux jeunes femmes s’y trouvent déjà et la chaleur du feu nous réconforte. Vite ! Sortons le thé du labrador et les ramens pour calmer les esprits et reprendre notre souffle.
La journée n’est pas terminée pour autant. Les corvées n’attendent pas: les réserves d’eau du lendemain, préparation du repas, installation des couchettes. La soirée est calme et courte. Les murmures remplacent les chansons de la veille. Trop fatigués pour entretenir le feu, la nuit sera fraîche dans le refuge.
Pendant que tout le monde dort, j’en profite pour vous parler de nos amis pèlerins de Compostelle. Nos quatre comparses et nous faisons partie de l’Association du Québec à Compostelle – région Montérégie. Cette association aide les pèlerins à préparer leur projet de marche sur les différents chemins de Compostelle. Elle organise également des conférences et des marches d’entraînement tout au long de l’année. Les bénévoles œuvrant dans l’organisation ont tous marché un chemin et se font un plaisir d’aider et d’accompagner les aspirants pèlerins dans leur démarche. D’ailleurs, trois de nos comparses sont des bénévoles dévoués. Le lien vers le site de l’Association se trouve plus bas dans la section Repères.
En refuge, être très fatigué le soir n’est pas gage de sommeil profond et réparateur. Pas de lit douillet, température trop chaude ou trop froide, remue-ménage de huit personnes entassées dans un endroit exigu. Bref, au matin du troisième jour de marche, la fatigue se fait sentir dans le groupe. Une autre longue journée de 13 kilomètres nous attend, mais avec heureusement moins de dénivelé que la veille.

Le soleil se lève, une autre journée débute. (Crédit photos: D. Gravel)
Le soleil égaie les cœurs et réchauffe les âmes lasses. Au départ du refuge, le groupe se scinde en deux. Deux membres du groupe décident de raccourcir la distance en prenant un raccourci. Cela leur évitera aussi plusieurs mètres d’ascension. Le reste de l’équipe se lance sur le parcours prévu qui passe par le refuge de l’Abattis. Nous convenons de nous retrouver tous au bureau d’accueil du Sentier des Caps – secteur du Massif.

La dernière vue que nous aurons sur le fleuve est au refuge de l’Abattis. Une des plus belles vues que le Sentier des Caps puisse nous offrir. Le soleil est radieux, et nous nous retrouvons au-dessus des nuages qui couvrent le fleuve en contrebas. Nous terminons notre randonnée en longeant les pistes de ski de fond damées et tracées. Ces huit derniers kilomètres sont faciles et nous ne nous en plaignons pas, bien au contraire.

Au loin, sous les nuages, dernière vue sur le Saint-Laurent.
Nous avions pris soin de garer une voiture au terminus de la randonnée le matin du premier jour. Nous pouvons donc retourner vers le point de départ pour récupérer les autres véhicules. En route vers Saint-Tite-des-Caps nous réalisons la distance parcourue à pied en trois jours.
Cette histoire se termine bien. Pas de pépins ni d’accident. Une bonne dose de fierté et de sentiment d’accomplissement envahit Les Valeureux. Certains ont testé leurs limites. D’autres réalisaient un vieux rêve. Un autre item coché sur la « Bucket List ».
Repères
- Parcours:
- Jour 1, 9 janvier 2023: 9,6 km 497 m D+ 304 D-
- Jour 2, 10 janvier 2023: 14,0 km 795 m D+ 783 m D-
- Jour 3, 11 janvier 2023: 12,9 km 558 m D+ 405 m D-
- Total: 36,5 km 1 849 m D+ 1 492 m D-
- Site du gestionnaire du Sentier des Caps: www.sentierdescaps.com
Très beau descriptif conforme à la réalité que j’ai vécue avec ce groupe de passionnés de randonnée. Merci de nous avoir guidés dans cette nouvelle expérience innoubliable ! Le contact avec la nature est toujours régénérateur et votre présence toujours réjouisante !
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Denis, ce fut un plaisir de partager cette expérience avec toi.
– Robert
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Ohhh félicitations à tous et toutes , quelle belle réalisation . Je reconnais bien dans ce partage d’expérience, la générosité de Françoise et Robert .
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Merci Dominique 😉
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Bravo a vous tous et merci de partager!
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Bravo pour cette belle randonnée exigeante et pour la bienveillance des organisateurs 🙏🙏🙏
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Par monts et vals, ansi vont les val heureux!!! 🙂
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Nous, je ne sais pas, mais nos compagnons avaient beaucoup de valeur eux !!!
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Non ? C’est bien de valeur pour eux ! 🙂
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Hé hé 😉
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Bravo à vous et merci de partager vos expériences de plein air qu’il me fait toujours grand plaisir de lire !
Louis
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Merci, Louis, c’est gentil 😉
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Wow ! Ça devait être magnifique. Juste à vous lire me donne le goût de partir à l’aventure..
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Merci 😉 heureux que cela vous inspire. C’est une super rando !!
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Bravo tout le monde , très agréable à lire , ça rappelle des beaux souvenirs! 👌🌞🌞🌞
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Merci beaucoup ! je transmettrai vos félicitations au reste du groupe.
Robert
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