Addison County, Vermont, le 1er septembre 2019
La veille, nous avions planifié une sortie montagneuse avec trois gaps au menu. Les gaps, comme on les appelle au Vermont sont des cols, ces routes qui passent d’un côté à l’autre d’un massif montagneux. Une fois le Middlebury Gap franchi, nous arrêtons à Rochester pour une pause avant d’attaquer le Rochester Gap. Pas de chance, la route qui mène à Bethel est fermée. Nous décidons donc de prendre le lunch au Sandy’s Books and Bakery. Nous ne ferons que deux gaps alors en passant par le Brandon Gap pour retourner au Branbury State Park où nous campons.
Françoise était déçue car elle ambitionnait vraiment de faire cette grosse journée, en préparation pour un voyage vélo en Italie. Je lui propose alors aujourd’hui de faire le Appalachian Gap. Je le connais bien. Elle, non.
– Il est plus difficile que les deux d’hier lui dis-je, ça compensera pour celui qu’on a raté.
Marché conclu, nous partons donc de Middlebury, histoire de ne pas trop allonger la sortie. Lors d’une pause à Bristol nous constatons que nous nous retrouvons sur le parcours de la troisième étape de la course Green Mountain Stage Race. Par chance, la route n’est pas fermée à la circulation, nous pouvons donc affronter le App Gap comme disent les locaux.
– Tu verras, la montée commence en douceur, avec le Baby Gap sur une dizaine de kilomètres. Ce n’est pas vraiment un col, c’est le prélude au grand frère.
– Ensuite, ça se corse sérieusement pour les quatre derniers kilomètres.
On remplit les bouteilles et on se met en route. Le Baby Gap, se négocie somme toute assez bien. Quelques bonnes montées. On salue les coureurs qui nous dépassent sans avoir l’air de trop forcer. Un malchanceux, qui a crevé son pneu arrière est à la traîne, ça nous permet de le dépasser.
– C’est ici que ça commence, dis-je à mon Amoureuse, au bas du Baby Gap, parce que ça descend avant de remonter sur l’App Gap. Vas-y à ton rythme, on se retrouve au sommet, dans quatre kilomètres.
Quatre kilomètres d’enfer, qui montent à 11 %, 12% et qui nous réservent les 500 derniers mètres à 15 %. Le premier kilomètre, ça va. Le deuxième est difficile et le cœur nous bat dans la gorge. Au troisième kilomètre, on entrevoit le sommet tout en haut. C’est à ce moment que le corps et l’esprit s’opposent. Les jambes veulent arrêter, elles souffrent. L’esprit veut vaincre la montagne. La dureté du mental, vous savez, comme dirait Bob Chicoine. Et puis, voilà notre coureur malchanceux au pneu crevé qui s’amène et nous dépasse, les chaussures accrochées aux cocottes. Il pédale nu-bas ! La dureté du mental, vous dites.
On entend les encouragements des spectateurs à chaque passage des coureurs. On les prend pour soi, même si on ne porte pas le dossard de la course.
– Je n’y arriverai pas, se dit Françoise, au dernier virage, avec 500 mètres à faire, devant le mur qui se dresse en face d’elle.
Au fil d’arrivée, au milieu des coureurs, je surveille les cyclistes qui arrivent. Ça y est, je la vois, je lui fais des grands signes pour qu’elle se faufile dans la cohue jusque vers moi.

Après avoir repris ses esprits, elle me dit:
– Je n’ai pas mis pied à terre !
– L’Appalachian Gap, c’est violent, lui répondis-je. Tu as réussi mon Amour.
– Oh my god! Me fit-elle. On est courageux ou on est fous?
– On est courageux que je lui dis!
Ne pas mettre pied à terre. Mais pourquoi ? Il n’y a pas de mal à prendre une pause en montée. Certes non, mais lorsque le défi se montre le bout du nez, on prend la mesure de sa détermination. Françoise, tu n’en manques pas et je t’admire.
La course achevée et les derniers coureurs rentrés, nous redescendons l’App Gap, jusqu’à Bristol où nous nous arrêtons pour une collation au Bristol Cliff Café. Le gâteau aux carottes nous a donné l’énergie pour les 20 derniers kilomètres jusqu’à Middlebury. L’estomac dans les talons, nous nous arrêtons au Shafer’s Market & Deli pour une savoureuse pizza cuite au four à bois. Si vous passez par là ne vous fiez pas à la devanture qui ne paie pas de mine, passez la porte et allez tout au fond, où trône le dôme du four.

Carnet d’adresses
Branbury State Park, Salisbury, Vt
Camping en bordure du lac Dunmore. Tout petit camping avec magnifiques terrains isolés. Belle plage pour des activités nautiques. Sentiers de randonnée pédestre à proximité. Un coup de cœur.
Sandy’s Books and Bakery, Rochester, Vt
Arrêt ravito par excellence entre le Middlebury Gap et le Brandon Gap. Soupes, sandwiches et viennoiseries excellents. On casse la croûte au milieu des rayons bourrés de vieux livres ou sur le balcon.
Rochester Cafe, Rochester, Vt
Pour un bon espresso, une crème glacée, juste en face du Sandy’s.
Bristol Cliffs Cafe, Bristol, Vt
Arrêt ravito de Bristol, café, gâteaux, pâtisseries, soupes, sandwiches
Cubbers Pizza, Bristol, Vt
Resto de la place à Bristol, pizza, pizza, et autres plats réconfortants en fin de rando.
Shafer’s Market &Deli, Middlebury, Vt
Cette ville universitaire regorge de bons restos branchés. Le Shafer’s (anciennement Samas), lui, est sans façon, et passe facilement inaperçu. La pizza au four à bois y est savoureuse et généreuse.
Merci d’avoir partager cette aventure Appalachienne avec nous. On a envie d’y être avec vous. Et bonne suite avec l’Italie. Nous serons en pensée avec vous.
Daniel
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Merci Aline et Daniel
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