En descendant la côte vers Pontedassio, dans l’arrière-pays de Diano Marina, des personnes sont dans la rue, la bloquant partiellement. J’espère que ce n’est pas un accident ou autre malheur. Nous ralentissons pour ne pas ajouter au tumulte. Arrivés près de l’attroupement, je remarque qu’il s’agit d’une fête en face d’une petite église, la capella di Santa Croce. Des tables sont dressées et les paroissiens jasent en partageant victuailles et petit boire. On s’arrête pour immortaliser la scène quand une dame s’approche pour nous accueillir et nous offrir le casse-croûte. Un paroissien remarque notre langue et nous aborde en français.

• Nous fêtons l’exaltation de la Sainte Croix, comme tous les 14 septembre. Bienvenue chez nous.

• La quoi ?
• Vous pouvez me l’écrire ? Je lui tends mon téléphone.
• La Festa della Esaltazione della Santa Croce !

On discute bien amicalement en mangeant des pains garnis de tomates séchées et des petits gâteaux que les paroissiens ont préparés. Ses enfants, curieux, s’approchent. Ils sont gênés de nous parler même s’ils parlent un peu le français que leur père leur a appris.

• C’est le vin que fabrique mon beau-père, allez goûtez, il est très bon.
• Juste un peu, merci, la journée de vélo n’est pas finie. Il nous présente le curé, que j’ai baptisé secrètement Don Camillo. Vous savez, le personnage incarné par Fernandel ?

Il me semble que c’est l’essence même des voyages que nous faisons à vélo. Des rencontres fortuites, au détour de routes campagnardes et montagneuses, qui nous permettent de connaître des gens d’une gentillesse et d’un accueil insoupçonnés.

• Nous sommes une petite communauté, vous savez. Tout le monde se connait. Ce n’est pas comme dans la grande ville.
• C’est la même chose chez nous, lui répondis-je.

La beauté de ces petits villages réside peut-être justement là, dans l’esprit de communauté qui gravite autour de ces monuments pourtant si simples et si humbles. Le voyage débute, cette première journée de vélo est de bon augure pour la suite.