La Traversée des Montagnes Vertes

Traversée des Montagnes Vertes, Défi 75S (07)

Longue randonnée de 5 jours et 4 nuits en camping rustique du 25 au 29 mai 2022

Les prévisions météo n’augurent rien de bon. On annonce de la pluie, beaucoup de pluie. Pas l’idéal pour une longue randonnée dans les bois et coucher sous la tente. Ou peut-être que oui ! Parfait pour tester notre équipement et notre détermination.

En préparation pour notre expédition de longue randonnée sur le Sentier international des Appalaches (SIA) au Québec, nous avions programmé une sortie d’entraînement et de tests d’équipement. Il nous fallait un parcours assez long avec possibilité de camper plusieurs nuits sur des sites aménagés de plateformes de bois similaires à ce que nous allons rencontrer sur le SIA.

Ainsi, nous partons donc avec l’équipement que nous aurons lors de notre randonnée sur le SIA. Nos sac à dos pèsent entre 14 et 16 livres auxquels on ajoutera 5 livres de nourriture (pour 5 jours) et 2 litres d’eau.

En regardant la liste des sentiers à faire pour notre Défi 75S, la Traversée des Montagnes Vertes dans les Cantons de l’est (07) était toute indiquée. On y propose un parcours linéaire de 4 jours et 3 nuits. Nous l’avons allongé sur 5 jours et 4 nuits afin de pouvoir revenir à notre point de départ récupérer notre véhicule. De plus, les sites de camping proposés ont des plateformes de bois. Le sentier est géré et entretenu par l’organisme Les Sentiers de L’Estrie.

Jour 1:  9,1 km, 679 m D+, 388 m D-, durée 3h 51 min.

Notre point de départ se trouve sur la route 243 à Bolton-Est (stationnement S07 des Sentiers de l’Estrie). Le sentier nous mène au sommet du Mont Glen. La montée est exigeante et nous sentons le poids de nos sacs à dos. Il fait beau, le soleil est radieux et nous sommes fébriles en ce début d’excursion. Les oiseaux gazouillent. Tiens un tamias s’excite devant nous ! Le sommet du Mont Glen offre une vue panoramique sur la région. Les Montagnes Vertes portent bien leur nom, des arbres feuillus essentiellement couvrent leurs flancs.

Vue du sommet du Mont Glen avec le lac Brome en arrière-plan.

Le sentier est bien balisé avec des marqueurs rouge et blanc (sentier principal) ou rouge et orange (sentier secondaire). Il est bien entretenu, merci aux bénévoles des Sentiers de l’Estrie. Nous n’avons croisé qu’un autre randonneur, au sommet Glen.

En descendant le versant est du Mont Glen, nous arrivons au site de camping du Ruisseau Yves vers 15h 45 min. Les site comporte 4 plateformes, une toilette sèche et une potence bien pratique pour suspendre nos sacs de nourriture à l’abri des intrus. Le ruisseau Yves coule tout près, son eau est claire et limpide.

Les plateformes ont subi les affres du temps et ont maintenant un penchant désagréable. Nous choisissons la moins pire des 4. Nous montons notre nouvelle tente pour la première fois sur une plateforme de bois. Elle n’est pas autoportante et il faut se familiariser avec son montage. Les crochets de type « fish bone » sont bien utiles pour ancrer les cordes entre les planches de la plateforme. La nuit sera mouvementée, nos matelas de sol glissent comme des « crazy carpets » sur le plancher croche.

Menu du jour: vivres de course durant la journée et couscous du randonneur au souper (voir Repères).

Site de camping sur plateforme au Ruisseau Yves
Une potence est installée en permanence pour permettre de suspendre nos sacs de nourriture hors d’atteinte

Jour 2: 11,2 km, 609 m D+, 860 m D-, durée 5h 20 min.

Notre première nuit dans notre tente à simple paroi nous faisait craindre la condensation typique de ce modèle. En laissant une porte de vestibule ouverte de chaque côté, nous l’avons évitée.

Notre parcours nous mène aujourd’hui au site de camping Westfield. Il nous faut d’abord remonter le Mont Glen puis se diriger vers le sud et traverser la « Bolton Pass », une forte descente vers la route 243 suivie d’une aussi forte remontée de l’autre côté. Nous ne croisons personne de toute la journée.

Le temps est nuageux mais le soleil se montre le bout du nez à quelques reprises. Le vent est léger et suffit à tenir les moustiques à distance. Il fait 22 degrés.

Le site Westfield comporte 1 plateforme de bois et 3 sites de camping au sol. Nous choisissons de camper sur le sol, craignant encore une fois la glissade nocturne. Par chance, l’endroit est bien plat, nous dormirons bien. Tout à côté des toilettes sèches, on a aménagé un système de collecte des eaux grises. On évite ainsi de répandre cette eau un peu partout. N’ayant pas repéré la potence pour suspendre la bouffe, elle était bien cachée loin des toilettes, nous optons pour accrocher nos sacs de nourriture sur des crochets dans la toilette sèche.

Système de récupération des eaux grises

Un ruisseau bien gorgé d’eau coule aux abords du site de camping. Nous en profitons pour refaire nos réserves d’eau potable. Nos filtres Sawyer Squeeze s’avèrent efficaces et nous en profitons pour expérimenter avec le filtrage par gravité. De cette façon, pendant que l’eau est filtrée par le filtre, nous pouvons vaquer à nos autres tâches.

Menu du jour: petit-déjeuner de gruau et café, vivres de course et couscous du randonneur au souper.

Charmant ruisseau aux abord du camping Westfield
Filtrage de l’eau potable par gravité avec le filtre Sawyer Squeeze.

Jour 3: 10,1 km, 686 m D+, 553 m D-, durée 4h 52 min.

Il a plu pendant la nuit et la pluie se poursuit au lever. Les hiboux ululaient. C’est envoûtant de les entendre au loin. Se font-ils la cour ? Chassent-ils ? Nous prenons notre petit-déjeuner dans la tente. Elle a bien résisté et nous a gardé au sec. La pluie ayant cessé, nous épongeons facilement les parois de la tente avant de la ranger dans le sac à dos. 

Nous prenons la route ce matin pour le site de camping Singer. Pour s’y rendre il nous faudra faire l’ascension du Mont Singer. Les arbres chargés d’eau nous aspergent au moindre coup de vent. Toutefois, la vraie pluie reprend et nous serons trempés jusqu’à midi alors qu’une accalmie nous permet de manger au sec. Le sentier est boueux vu la pluie récemment tombée.

Au coeur des Montagnes Vertes

Entre Westfield et Singer, les points d’eau se font rares. Il vaut mieux faire ses réserves avant de partir. Le site de camping Singer n’a pas de point d’eau tout près. Ils faut les chercher et nous n’avons pas vu de signalisation les indiquant. Finalement nous en avons remarqué un à l’Étang du castor à quelque 250 mètres du camping. 

La pluie s’est arrêtée avant d’arriver au camping. Nous avons pu monter la tente, manger nos ramen au sec. Avec la pluie qui reprend, le souper sera peut-être « à l’eau ». Des 4 plateformes disponibles, une nous apparaît presqu’horizontale.

Notre technique de montage sur plateforme de bois s’améliore de jour en jour.

Des randonneurs nous rejoignent et s’installent sur une autre plateforme. Yann et Jérôme achèvent leur longue randonnée de 6 jours. Comme il se doit, nous avons jasé randonnée, équipement et bien sûr bouffe déshydratée.

Menu du jour: Petit-déjeuner de gruau, vivre de course et repas du soir lyophilisé de Cari Katmandou de la compagnie Nomad. C’était correct sans plus. 

Jour 4: 13,6 km, 878 m D+, 656 m D-, durée 6h 10 min.

La nuit fut mouvementée, une pluie diluvienne s’est abattue sur nous accompagnée de rafales de vent. Notre tente est bien imperméable et elle a résisté aux vents. Par contre de l’eau s’est infiltrée par les moustiquaires. En frappant la plateforme de bois, les gouttes éclaboussent dans tous les sens et trouvent leur chemin vers l’intérieur. Rien de dramatique, pas d’avarie. Nous n’avions pas prévu cette particularité du camping sur plateforme. Au petit matin, il pleut toujours intensément. Petit-déjeuner à l’intérieur de la tente et démontage du campement sous l’averse.

Nous jonglons avec l’idée d’écourter notre excursion vue la mauvaise température. nous ne sommes qu’à 12 kilomètres de l’auto après tout. C’est en se rappelant nos objectifs initiaux que nous décidons de poursuivre notre plan. Après tout, sur le SIA, il nous faudra continuer coûte que coûte. Nous avons eu ensuite une réflexion sur les causes qui pourraient mettre fin à notre long périple. Les blessures, certes, la fatigue extrême aussi. Nous écartons donc la mauvaise température sauf, bien sûr, en cas de force majeure.

La météo indique des éclaircissements en mi-journée et cela nous réconforte et nous encourage à continuer notre cehmin. Notre matériel pourra donc sécher avant la nuit prochaine.

Le camp est démonté et rangé dans le sac à dos. Prêts à partir sous la pluie !

Notre parcours d’aujourd’hui consiste en un aller-retour au sommet du Mont Écho. Cette section du sentier est d’une beauté exceptionnelle, la forêt est luxuriante, de nombreux ruisseaux dévalent furieusement les flancs de la montagne, nous en croiserons 16 à l’aller et autant au retour. Une section baptisée la Passe du Diable est de toute beauté, le sentier est enclavé dans les rochers couverts de mousse et de nombreux escaliers de roche sont aménagés pour le préserver. À divers endroits le sentier était transformé en torrent. Nos chaussures en ont pris pour leur rhume. Sous la brume, cette forêt luxuriante d’un vert intense me rappelait celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée de ma jeunesse.

La forêt luxuriante des Montagnes Vertes.

Le sommet du Mont Écho nous a toutefois privé de sa vue, nous étions dans le brouillard total. La pluie s’est finalement calmée en début d’après-midi. Les percées de soleil nous ont donné l’énergie de terminer cette journée où notre matériel et notre détermination ont été éprouvés. N’était-ce pas le but de notre excursion ?

De retour au camping Singer, le site est désert. Nous reprenons la plateforme que nous avions laissé ce matin. « Mais pourquoi avez-vous donc décampé ce matin alors ? » nous direz-vous. « Pour s’entraîner. Et pourquoi se la donner facile après tout ? » 

Menu du jour: Petit-déjeuner de gruau et café, vivres de course et repas du soir de « Irish Shepherd’s Pie » de la compagnie Nomad. Grande déception, nous n’en rachèterons pas.

Jour 5: 12,2 km, 575 m D+, 818 m D-, durée 5h 07 min.

La nuit fut tellement calme comparativement à la veille. Les rayons du soleil transpercent la toile de la tente. Les osieaux gazouillent. Le ciel est radieux et confirme le vieux dicton: « le temps passe et les nuages aussi ». Il fera entre 16 et 24 degrés en ce beau dimanche de mai.

Qu’arrive-t-il après 2 jours de pluie intense alors que le beau temps et la chaleur reviennent ? Les moustiques aussi reviennent. Massivement. Il nous faudra enfiler notre moustiquaire pour marcher confortablement.

Aujourd’hui, nous rebroussons chemin de retour vers notre point de départ. Un dernière ascension du Mont Singer qui offre son plus bel apparat. Des montagnes vertes ici et les Montagnes Blanches là-bas avec Jay Peak en arrière-plan.

Vue du sommet du Mont Singer avec Jay Peak en arrière-plan.

En repassant par le camping Westfield, nous en profitons pour faire une longue pause au bord de ce ruisseau que nous avions tant aimé il y a trois jours. Quelqu’un a déjà monté sa tente sur une plateforme. Quelques promeneurs nous saluent. Il ne nous reste que deux kilomètres avant de terminer notre journée. Nous faisons réserve d’eau pour un bon bain de pieds au fois arrivés à destination. 

Menu du jour: Petit-déjeuner de gruau et café, vivres de course.

Cette traversée des Montagnes Vertes, qui fait partie de notre Défi 75S de Rando Québec est maintenant complétée. Une région que nous avons découverte avec grand plaisir. 

Notre excursion nous aura permis de peaufiner notre équipement. Seulement quelques petits ajustements seront nécessaires avant d’entreprendre notre périple sur le Sentier International des Appalaches. Nous avons également testé notre détermination à poursuivre notre route sous des conditions moins qu’optimales. Je crois bien que nous sommes maintenant prêts pour la grande aventure.

Repères

Localisation du parcours de la Traversée des Montagnes Vertes
(cliquer sur l’image pour accéder à la carte interactive)

17 réflexions sur “La Traversée des Montagnes Vertes

  1. Lucette deGagné

    Jeudi 9 juin Pluie continue

    Bonjour les amis,

    votre expédition *préparative *pour le grand défi gaspésien s’est avérée instructive quant à vos choix de repas.

    En génie géologique, peut-être Robert as-tu fait des stages de prospection en été, où l’élément le plus important, avant tout, était d’avoir un bon cuisinier dans l’équipe, ne serait-ce que pour garder le moral et la bonne humeur parmi les *chanceux *qui décrochaient ces emplois aux fins fonds des bois.

    C’est alors instructif pour vous de ne pas faire l’erreur d’apporter et d’avoir à manger des mets préparés commerciaux sans intérêt.

    Je vous embrasse,

    Lucette

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  2. François de l’Etoile

    Rien n’est laissé au hasard! Félicitations pour avoir suivi votre plan de match initial!
    Vous lire est toujours plus intéressant! Reste à s’assurer que votre système de repérage fonctionne bien et que je reçoive vos messages !
    Bravo à vous deux !!!

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  3. Caroline Dagneau

    Salut à vous deux! Belle longue randonnée. A noter que lorsque nous avons fait le SIA en 2019 il n’y avait de potences pour la nourriture nulle part. Nous accrochions notre nourriture dans les arbres ou sur le toit des abris. Je vous recommande aussi fortement de prévoir quelques jours de repos à Cap-Chat. la Reserve de Matane peut être difficile.

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    1. Robert de l'Etoile

      Merci Caroline de ces précieux conseils. Nous savons qu’il n’y a pas de potences. Nous maîtrisons la méthode PCT pour suspendre la nourriture. Je n’avais pas pensé aux toits d’abris par contre. Cap-Chat n’est pas sur notre itinéraire. Nous continuons dans le Parc de la Gaspésie après la réserve de Matane. Nous avons prévu des jours de congé en route dont 3 au camping du Mont Albert. Mais oui, la réserve de Matane sera un gros défi 😉

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  4. Cécile Fournier

    Bravo pour ce test «  préparatoire » . Vous êtes des gens super organisés au quart de tour et de vrais passionnés! Les amateurs n’ont qu’à bien se tenir! 😉 Toujours intéressant de vous lire! Bonne chance pour la suite!

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  5. jmrbergeron@hotmail.ca

    Bonjour,
    Un très beau récit! Pas sur que j’aurais continué sous cette pluie mais quand on est dedans jusqu’au coup on fait généralement le choix de continuer. Vous me semblez prêt pour la grande traversée. Je vous souhaite un bon repos avant votre départ qui approche rapidement. Au plaisir de vous lire et vous suivre. Bon dimanche

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