De l’aube au clair de lune

La montagne n’a rien de diabolique, elle est plutôt féérique. Je dirais même que c’est beau en diable. Vous l’aurez deviné, nous sommes tombés sous le charme de la Montagne du Diable, en Haute-Laurentides à Ferme-Neuve. Récit d’une randonnée de trois jours en raquettes, du 7 au 9 janvier 2020.

Dès les premiers pas dans le sentier qui contourne le Lac de la Montagne, nous le sentons, ce sera une belle randonnée. La température est clémente, le couvert de neige abondant, le sentier de raquettes n’est pas plus large qu’une paire de raquettes et la forêt est dense. Ce premier jour, nous nous rendons au refuge de la paroi de l’Aube. Nous choisissons un détour, histoire d’allonger la distance. La dame de l’accueil nous met en garde:

Vous savez, la 5 n’est pas très fréquentée, ça risque d’être plus difficile.
Merci de l’info, nous verrons en chemin et nous ajusterons, répondis-je.
Les sentiers sont bien balisés ?,  demande mon Amoureuse.
Hum, vous savez, avec la neige, les balises sont parfois cachées, hésite-t-elle.

Avec notre carte des sentiers du parc et le GPS, nous saurons bien nous y retrouver.

Il y a bien quelques centimètres de nouvelle neige au sol et même si nous sommes les premiers à passer depuis la dernière neige, le sentier est bien visible. Définitivement, les raquettes sont de mise et les crampons resteront dans le sac à dos. À mesure qu’on monte en altitude, la neige se fait plus abondante et les arbres de plus en plus chargés, le paysage s’embellit et nos yeux s’écarquillent devant le spectacle. La forêt est dense et le sentier souvent encombré de branches qui ploient sous le poids de leur fardeau.

La montée finale vers notre refuge s’avère exigeante mais tellement féérique qu’on ne sent plus  notre coeur battre la chamade. Des tunnels formés par les branches chargées de neige, des huttes blanches que forment les conifères, des murs de glaces sur les parois rocheuses.

Pas facile de ramper à quatre pattes avec un sac à dos. (Regardez la vidéo)

Le refuge de la Paroi de l’Aube est juché au sommet d’une paroi faisant face à l’est. Paraît-il que les levers de soleil sont spectaculaires. Ce soir c’est la lune qui se lève en face. Oui, ce sera un souper au clair de lune sur la paroi de l’Aube. Une fois le soleil couché, le paysage teinté de bleu est époustouflant.

Lever de lune sur la Paroi de l’Aube

Corvée de bois, attisée,  corvée d’eau, une petite Cup-a-Soup bien chaude et nos traditionnelles Pringles et nous voilà remis de nos émotions de la journée. Le refuge est petit et il se réchauffe rapidement, merci aux occupants précédents qui nous ont laissé de belles braises dans le poêle.

Ce soir on se paie la traite, couscous aux pistaches et abricots, vin (oui, oui, vin), et pour dessert, chocolat et porto (oui, oui, porto). On n’est pas dans la misère.

La première nuit en refuge, n’est jamais très confortable. Le jour est déjà levé et la journée s’annonce longue. Petit-déjeuner copieux, gruau, pain, beurre d’arachide et confitures, un thé bien chaud. Il neige et la température baissera au cours de la journée. Le sentier est encore plus encombré qu’hier et on ne progresse pas vite. Il faudra six bonnes heures pour rejoindre notre prochain refuge. Passant par les sommets aux noms évocateurs, Belzébuth, Diable, les montées sont exigeantes et les genoux gémissent durant les descentes. Les paysages enneigés des sommets disparaissent dans les vallées. La forêt regorge de vie comme en témoignent les nombreuses pistes de lièvres, de loutres, de renards ou était-ce des coyotes ? Les perdrix nous surprennent à tout coup par leur envolée bruyante.

Avec encore quelques kilomètres à faire pour arriver à l’Abri du Vent, l’envie d’un bon chocolat chaud nous ragaillardit. La dernière montée est souffrante et le refuge en bois rond de forme hexagonale nous accueille avec de belles braises dans le poêle, gracieuseté de skieuses qui s’y sont arrêtées durant la journée. C’est un grand refuge. Il faudra chauffer le poêle ardemment avant de se sentir bien. La réserve de bois dans le refuge sera suffisante pour passer la nuit.

Au menu ce soir, un cari thaï épicé aux légumes et arachides, du vin (encore) et pour dessert, bien, la même chose qu’hier. Pas facile la vie de coureur et coureuse des bois. La nuit sera froide, jusqu’à -24 degrés aux petites heures du matin, il faudra alimenter le poêle durant la nuit. On règle le réveil aux 3 heures.

Les abris, ces refuges qui sont ouverts le jour aux randonneurs de passage sont bien conçus. Pour ceux qui réservent une place pour dormir, une clé permet d’avoir accès aux lits. Par bonheur, l’Abri du Vent a deux chaises berçantes en plus d’une grande table pouvant accueillir huit personnes. Nous étions seuls à en profiter en ce début d’année 2020.

Les braises fumantes suffisent à repartir le feu en ce matin qui en a bien besoin. Moins vingt-quatre degrés, c’est frette. Un petit-déjeuner copieux nous fournira l’énergie nécessaire pour affronter le froid qui nous attend. Notre trajet d’aujourd’hui nous ramènera à notre point de départ et boucler notre randonnée d’une trentaine de kilomètres.

Aussitôt la première montée, nos corps sont bien réchauffés et la température n’est pas incommodante, tant qu’on marche. Les pauses sont courtes. Ce dernier jour nous fait voir un paysage en bordure de lacs, de ruisseaux et de tourbières.

La forêt enchantée de la Montagne du Diable

La Montagne du Diable nous a enjôlés. Elle a beaucoup à offrir et nous y retournerons assurément, peut-être en automne pour admirer les belles couleurs de la forêt.

Consultez le livre de bord pour les détails journaliers de la randonnée.

4 réflexions sur “De l’aube au clair de lune

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